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TEMPS D'ÉCRAN

Pourquoi éviter le temps d'écran comme récompense

Utiliser le temps d'écran comme levier peut sembler anodin au début. Mais à long terme, cela peut influencer la façon dont les enfants perçoivent la motivation, les limites, et le rôle des écrans dans leur quotidien. Voici pourquoi c'est important - et ce que tu peux faire autrement.

Stefanie Parth
24/04/2025 • 7 min
Father gives son his phone after he had cleaned his room

« Si tu finis tes devoirs, tu peux prendre ton portable. »
« Continue comme ça et ton temps d'écran est terminé pour aujourd'hui ! »

Des phrases comme celles-ci, on les entend partout : au dîner, pendant les devoirs ou en pleine crise. Dans beaucoup de foyers, l'écran est devenu un outil de négociation. Une récompense, une sanction, une solution de dernier recours quand plus rien ne marche.

Mais voilà le problème : utiliser les écrans comme méthode parentale peut sembler efficace à court terme, mais cela peut aussi nuire aux habitudes que les parents veulent vraiment instaurer.

Regardons de plus près pourquoi cela pose problème - et quelles sont les alternatives possibles.

Pourquoi le temps d'écran est devenu une « monnaie d'échange »

Il y a une raison pour laquelle le temps d'écran semble être un outil parental efficace. Il fonctionne - du moins sur le moment.

Les smartphones et les tablettes sont conçus pour récompenser le cerveau instantanément. Des récompenses rapides, de la nouveauté en continu, un flux sans fin de divertissement. Que ce soit un nouveau niveau de jeu ou une série de vidéos, les écrans répondent aux besoins plus rapidement que la plupart des activités hors ligne.

Psychologiquement, cela fait du temps d'écran une récompense particulièrement attirante - ce que les chercheurs appellent une récompense très saillante. Et quand quelque chose est aussi désirable, il devient tentant de l'utiliser comme levier. « Range ta chambre et tu pourras utiliser ton téléphone » semble être un compromis raisonnable.

Ce principe est aussi connu sous le nom de principe de Premack : les activités préférées (comme regarder YouTube ou jouer) peuvent être utilisées pour encourager celles qui le sont moins (comme faire ses devoirs ou ranger).

Mais même si cela fonctionne à court terme, cela pose souvent problème sur la durée. Le temps d'écran finit par peser trop lourd. Il devient une sorte de monnaie d'échange - un moyen de réguler les comportements, à la fois comme récompense et comme menace.

Et plus il est utilisé ainsi, plus il prend de l'importance. Les enfants se demandent : « Qu'est-ce que je dois faire pour avoir du temps d'écran ? » ou « Qu'est-ce qui pourrait me le faire perdre ? ». On crée un système dans lequel l'accès aux écrans devient la mesure de ce qui est bien ou mal.

Et c'est là que les difficultés commencent.

Quand le temps d'écran devient une punition

Retirer un smartphone peut sembler une conséquence logique. Ton enfant dépasse les limites ? Plus d'écran. Mais si c'est toujours la réaction automatique, d'autres problèmes peuvent apparaître.

Cela peut entraîner du secret ou de la défense. L'enfant cache ce qu'il fait en ligne, non parce que c'est dangereux, mais par peur de perdre l'accès.

Cela peut aussi devenir une lutte de pouvoir, où l'attention se déplace du comportement au téléphone. Et le véritable problème - une tâche oubliée ou un ton irrespectueux - est éclipsé par le débat sur l'accès aux écrans.

Et n'oublions pas : pour beaucoup d'enfants, le smartphone n'est pas seulement un jeu. C'est aussi un refuge, un moyen de se détendre ou de rester connecté. Couper cet accès peut provoquer de la frustration, pas de la réflexion.

Quand le temps d'écran devient une récompense

À l'inverse, utiliser le temps d'écran comme récompense semble aussi anodin. Tu as fini tes devoirs ? Voici 30 minutes d'écran. Mais là encore, attention : les enfants apprennent vite à valoriser la récompense, pas l'effort.

Le temps d'écran devient le trophée. Que ce soit « Si tu es sage, tu pourras utiliser la tablette plus tard » ou « Pour avoir rangé ta chambre, tu as droit à une heure de YouTube », le message reste le même : l'écran est la meilleure récompense possible.

À long terme, cela peut affaiblir la motivation intrinsèque - la motivation à faire quelque chose parce que c'est intéressant ou satisfaisant. Si l'enfant agit seulement pour obtenir une récompense, il aura du mal à développer de l'initiative.

Les psychologues appellent cela l'effet de surjustification : lorsqu'on récompense une activité que l'on aime déjà, elle perd de sa valeur. Elle devient un moyen d'obtenir autre chose. Au lieu de jouer, lire ou aider par plaisir, l'enfant le fait pour avoir une récompense. Ce qui était naturel devient une corvée, ou n'en vaut tout simplement plus la peine.

Cet effet est encore plus visible avec le temps d'écran. Lorsqu'il est souvent utilisé comme récompense, sa valeur explose - et les autres activités perdent en attrait. Même si elles étaient récompensées aussi, elles ne feraient pas le poids. Aucun livre, aucun jeu de construction, aucune aide en cuisine n'offre la même dose de dopamine qu'un écran.

Avec le temps, cela crée un déséquilibre. Les enfants évitent certaines activités (ou ne les commencent même pas) s'il n'y a pas de récompense à la clé. Ils s'habituent à l'idée qu'il faut toujours une contrepartie. Et le temps d'écran devient cette contrepartie : une récompense rapide que le cerveau en vient à attendre systématiquement.

Que faire à la place

Il ne s'agit pas de dire "oui" aux écrans tout le temps. Les enfants ont besoin de repères, et les règles autour du temps d'écran sont importantes. Mais quand le numérique devient un outil de contrôle, on perd une opportunité essentielle : celle d'aider les enfants à gérer eux-mêmes leur usage.

Voici quelques idées concrètes qui fonctionnent au quotidien - et qui favorisent des habitudes durables :

Fais du temps d'écran une chose ordinaire.
Ne le place pas sur un piédestal. Le numérique fait partie de la vie, comme les repas ou le sommeil. Plus c'est banal, moins ça prend de pouvoir.

Rends-le prévisible.
Des attentes claires rassurent. Si l'enfant sait quand il peut utiliser un écran, il n'a pas besoin de le "mériter" - ni de craindre qu'on le lui enlève sans prévenir.

Avec la fonctionnalité Horaires d’Ohana, tu peux définir des plages quotidiennes claires et fixes. Pas besoin de marchander. Il y a une structure, sans faire du temps d’écran une punition ou une récompense.

Récompense avec de la connexion, pas du contenu.
Pour renforcer un bon comportement, choisis des activités qui renforcent votre lien - pas plus d'écran.

Cuisinez ensemble, faites un jeu de société, organisez une soirée en famille. Du temps partagé, sans portables.

Utilise des conséquences logiques.
Au lieu de retirer l'écran pour chaque erreur, montre comment les choix ont des conséquences concrètes.

Plutôt que « Pas d'écran pendant une semaine », essaie « Hier, c'était dur pour toi de t'arrêter à l'heure. On fait un meilleur plan ensemble pour aujourd'hui ? ». On passe de la punition à l'apprentissage.

Ouvre la discussion, ne fais pas que poser des règles.
Prévois des moments de dialogue. Pose des questions sincères : « Qu'est-ce que tu préfères faire sur ton appareil ? », « Comment tu te sens après avoir regardé YouTube ? », « Il y a eu un truc drôle ou intéressant aujourd'hui en ligne ? »

Le but, ce n’est pas le contrôle, mais la compréhension. Et un enfant qui se sent écouté accepte bien plus facilement les limites.

Du contrôle à la collaboration

Être parent aujourd'hui, c'est repenser en permanence la relation au numérique. Ce qui marchait hier ne marche peut-être plus aujourd'hui. Et c'est normal.

En cessant d'utiliser le temps d'écran comme punition ou récompense, on aide les enfants à construire une relation plus saine aux écrans et à assumer peu à peu leurs propres choix.

Il ne s'agit pas de tout autoriser. Il s'agit de fixer des limites justes et claires, basées sur la confiance - pas sur l'échange ou la pression.

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